Démarche

Démarche artistique

Je crée des images à partir d’une intention de départ et de taches acryliques peintes sur papier de soie. J’interprète ensuite les taches pour révéler des lignes de dessin et des contrastes de couleur qui deviendront une oeuvre semi-figurative.

De cette oeuvre surgira un titre, puis un texte qui en exprimera une symbolique et un message.

Sous le soleil

Message du coeur

1. Dessin à la ligne et naissance de l’intention

Jeune, j’aimais bien dessiner. Je m’amusais souvent à reproduire mes héros de bandes dessinées. L’image se faisait à la ligne avec un crayon à mine. J’explorais parfois les couleurs, mais j’affectionnais davantage le trait de crayon.

Avec le temps, j’impliquais mes amis en leur demandant de déposer, sans intention, un gribouillage sur un bout de papier. Lorsque leur trait de crayon m’inspirait un objet, un personnage, ou un paysage, je leur donnais vie.

Au fur et à mesure que je me risquais à révéler quelque chose, l’inspiration venait à moi. Seul, je faisais aussi cet exercice en suivant le même processus.

Durant une longue période, les dessins étaient réalisés, de façon aléatoire, tout simplement sur des feuilles mobiles.

Puis, la vie d’adulte s’est tissée autour d’études universitaires et d’une vie familiale. À ce moment-là, le dessin gardait une place utilitaire dans un contexte d’études en génie, de travail et de la présence de mes enfants.

Plus récemment, après des évènements douloureux, j’ai repris goût au dessin, peut-être par besoin de créer, de me retrouver, de me reconnaitre. Chaque jour, j’ouvre mon cahier à dessin pour y tracer mes états d’âme. Ce geste est devenu une sorte de rituel sacré.

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Dans ce type d’approche, le défi est de prendre conscience de son propre processus. Avec le temps, ce déclencheur se transforme en lignes et tout prend forme : une image émerge… Fait à noter : l’efface n’est jamais utilisée…

On se laisse alors guider par ces lignes issues de gestes automatiques. Chaque trait obtient alors un rôle et pousse le dessin vers sa finalité́, sa raison d’être.

À mesure que l’image se révèle, une intention se forme. C’est une invitation à être à l’écoute de ce que l’inconscient me suggère, et à m’appliquer, geste après geste, à poursuivre dans ce sens.

Mes images continuent à me révéler des choses sur moi-même. Avec elles, je trouve une façon de communiquer avec mon inconscient. Au fil du temps, je me suis même amusé à proposer au hasard un titre, et cela, avant de dessiner une seule ligne. Ainsi, en posant une question intuitive, j’espère obtenir une réponse dans la symbolique du dessin.

Sous le soleil

Sous le soleil

2. Intégration de la couleur et naissance de la démarche

Après quelques années, je réalisais que le moment était venu de passer à une autre étape. Ainsi, ayant parfois de la difficulté à cerner le message du dessin, il me semblait que la communication avec l’inconscient stagnait.

Je ressentais le besoin d’ajouter de la magie à ma démarche créatrice, d’aller plus loin. Bref, le désir d’explorer autrement était là, mais comment ?

Puis, en décembre 2006, une annonce sur le babillard d’un café m’interpella. L’école d’art et de créativité Diversiformes organisait des cours de peinture acrylique. Je voulais justement ajouter de la couleur à mes dessins.

Le programme qui y était offert trouvait un écho en moi. D’ailleurs, j’aimais l’idée de rencontrer d’autres artistes en devenir.

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J’ai pris contact avec Louis Couture, l’animateur des ateliers, pour lui présenter quelques dessins. Il a trouvé que j’avais déjà un style propre à moi.

Puis ont suivi deux séances d’introduction au médium acrylique. Il m’offrit donc quelques tubes de peinture et pinceaux avant de me dire : vas-y !

C’est à ce moment que mon premier tableau Sous le soleil a vu le jour.

Puis, j’ai participé à des ateliers hebdomadaires en groupe. L’approche pédagogique s’articulait autour d’un programme thématique saisonnier ; c’était structuré, mais dans un contexte de grande liberté d’exploration.

Il y avait là pour moi deux défis à relever : apprivoiser le pinceau et la couleur. J’ai vite réalisé la spécificité de cet outil : le trait de pinceau. C’est un autre monde, curieusement. C’était moins fluide que le trait de crayon. Aussi, j’ai appris à contraster les couleurs afin de révéler et de cerner les formes.

Ma démarche s’est précisée au fil du temps et des techniques proposées en atelier. J’ai peu à peu réussi à apprivoiser le coup de pinceau, à découvrir son potentiel. Puis, la technique du collage de papier de soie teint et déchiré a été une vraie révélation.

La transparence du papier de soie s’agence bien avec l’acrylique en offrant des possibilités pour réconcilier dessin et peinture, taches et formes.

J’ai ainsi apprivoisé la couleur grâce aux taches qui m’inspiraient des formes et des lignes. D’ailleurs, plusieurs palettes qui servaient à mélanger les couleurs sont devenues des tableaux.

Sous le soleil

Repos du colibri

3. Couleurs et naissance du papier de « soi »

J’ai finalement adopté le papier de soie. J’ai vite compris que la fluidité des taches de couleurs m’ouvrait une nouvelle porte vers le monde de l’inconscient. S’appliquer avec la joie, l’innocence et la réceptivité d’un enfant devait aussi faire partie de la démarche.

Mon entrée en création est donc passée du trait de crayon automatique, vers l’application de couleurs sur des feuilles de papiers de soie vierges.

Les premières lignes se dévoilent à travers les jeux de couleurs, seulement après le séchage du papier. Ensuite, je deviens peu à peu l’interprète d’un langage symbolique rempli de personnages et de formes.

Désormais, l’inconscient me parle grâce aux couleurs auxquelles s’ajoutent des lignes. Le canevas devient une fenêtre ouverte sur un rêve éveillé donnant accès à des dimensions de soi insoupçonnées.

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L’intention de départ se veut un partage, un dialogue avec l’inconscient. Le tableau devient le moyen de communiquer avec lui. Je peux parfois être plus spécifique dans mes demandes, mais la sagesse de l’inconscient a le dernier mot. Il m’amène parfois dans l’inattendu.

Du papier, aux fluides, de la couleur au séchage, c’est comme si, entre terre, eau, feu, air et éther, tout un processus se mettait en place avec des éléments qui, en dialoguant ensemble, sécrètent un message ou une histoire à raconter :

  • Choix de trois à cinq couleurs d’acrylique liquide et application de taches automatiques sur papier de soie.
  • Deux feuilles vierges de papier sont utilisées dont l’une deviendra l’œuvre, et l’autre sera utilisée pour des retailles de collage.
  • Utilisation de l’eau pour aider le pigment à se propager.
  • Le séchage se fait naturellement en quelques heures.
  • Les détails sont notés dans un journal de bord.

J’ai poussé plus loin l’exploration, en invitant parfois mon entourage et des amis à participer à ce processus. Dans cette aventure, l’intention se déplace vers l’autre, car le message obtenu le concerne. L’autre est invité à choisir les couleurs et, s’il le désire, d’appliquer lui-même les couleurs sur le papier.

Témoin secourant

Témoin secourant

4. Lecture des taches et renaissance du dessin

Une fois le séchage terminé, le travail d’interprétation commence. C’est la partie que je préfère. Je retourne les feuilles dans tous les sens afin de déceler le moindre indice. Je laisse les couleurs et les plis dans le papier me parler. Le processus devient presque méditatif et thérapeutique.

Sur une pellicule cellophane installée sur le papier de soie peint, et muni d’un crayon feutre noir, je tisse des lignes, grâce à la transparence du cellophane. Chaque ligne calquée inspire les suivantes en donnant vie à un dessin.

Des personnages, des animaux et des objets se dévoilent. Tout un totem s’élève et une histoire commence à émerger.

Ma démarche se veut un retour aux sources, aux premiers dessins de mes enfants. Et aussi, un clin d’œil à la pensée d’Alice Miller.

« J’ai découvert sous mes yeux un univers jusqu’alors inconnu de moi : celui de ma petite enfance. »

Alice Miller
Images d’une enfance (1987)

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Une fois l’image bien cernée, les formes bien ciselées par le dessin, il est temps de procéder au montage. La feuille de papier de soie est collée par marouflage sur un canevas. Après, lorsque tout est bien sec, le moment est venu de transférer le dessin du papier cellophane en le retraçant sur le canevas.

Pour améliorer certains contrastes et agrémenter l’ensemble, je procède ensuite au collage de retailles. D’autres lignes s’ajoutent souvent pour faire naitre de nouveaux personnages.

Pendant ce travail, je commence à percevoir l’histoire qui veut se raconter. Je note mes impressions dans mon carnet de bord.

Conscience nouvelle

Conscience nouvelle

5. Titre et naissance d’une histoire

En premier lieu, je révise les impressions et inspirations notées dans mon carnet de bord. Dans mon esprit, l’histoire est encore floue, mais j’ai souvent un titre en tête. Mon premier réflexe est de m’installer devant le tableau et d’aller à la rencontre des personnages. J’en profite aussi pour m’imprégner des couleurs et de l’atmosphère.

Tel un shaman, je me projette dans un parcours méditatif symbolique, à la recherche de totems. Ici, le totem c’est l’inconscient, c’est le tableau. N’a-t-il pas quelque chose à me dire ? De cette expérience ressentie émergera dans mon imaginaire une compréhension de l’ensemble.

C’est comme si j’interprétais un songe, où les symboles se parleraient entre eux, dans l’espoir d’être compris par la conscience du rêveur. Les symboles sont les mots d’un langage universel qui guident vers un espace intemporel de partage et de communication avec l’esprit.

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Ce processus tend un pont vers l’écriture souvent aussi spontanée que l’image créée. Une fois qu’on l’a intimement vécue, il est facile de placer des mots sur une histoire. Et cela, même si ce vécu provient de l’imaginaire.

Au-delà de l’image, le texte vient expliquer le contexte et la relation entre les personnages, les animaux et autres objets symboliques. Les mots révéleront aussi souvent certains détails cachés derrière l’image.

L’histoire se veut donc un court texte qui vient, avec l’aide de l’image, interpeler le spectateur. Il se retrouve ainsi invité à emprunter un sentier intérieur menant vers sa propre [in]conscience. Il y trouvera peut-être, s‘il le désire, sa propre histoire.

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Bernard Lemieux

Les images qui parlent

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